Les hamacs dans les prisons : une solution à la surpopulation carcérale ?
Qui aurait cru que les hamacs seraient une solution pour les prisons surpeuplées ? Cette pratique, courante dans de nombreux pays à travers le monde, offre de nombreux avantages pratiques, notamment en termes d’économie d’espace et de coûts. Les hamacs maximisent l’espace disponible, évitent que les détenus ne dorment à même le sol et sont parfois utilisés pour la réinsertion des prisonniers.
Certaines des prisons les plus surpeuplées au monde se trouvent en Amérique latine : beaucoup comptent des dizaines de détenus entassés dans de petites cellules
Au brésil
Le Brésil est le pays où l’utilisation des hamacs dans les prisons est la plus répandue. Selon le Comité national pour la prévention de la torture (CNPT), près de 60% des détenus au Brésil dorment dans des hamacs. Cette pratique est particulièrement répandue dans les prisons surpeuplées où les espaces de couchage sont limités.

Une des rares images rendues publiques de la prison Vila Independência, à São Paulo : un entrelacs de hamacs forme une toile d’araignée où apparaissent, ici et là, le bras ballant ou la jambe d’un prisonnier

Le système pénitentiaire brésilien est une poudrière : surpeuplée, insalubre, totalement inadéquate et prête à exploser
Au Mexique
L’utilisation de hamacs dans les prisons est également courante. Cependant, au lieu d’être simplement un moyen de maximiser l’espace, la fabrication de hamacs est souvent utilisée comme un moyen de réinsertion pour les détenus. Dans certains établissements pénitentiaires mexicains, les détenus sont formés à la fabrication de hamacs mexicains et peuvent ensuite vendre leurs produits sur les marchés locaux. Cette activité leur permet de gagner de l’argent et de développer des compétences professionnelles qui pourraient leur être utiles une fois qu’ils seront libérés.
En Colombie
Les hamacs sont considérés comme une alternative plus confortable aux simples couchettes dans les cellules de détention provisoire, mais les groupes de défense des droits de l’homme ont émis des préoccupations quant aux conditions de détention inhumaines et ont appelé à des réformes. Certaine prison comme celle de la capitale de Casanare, ont invité la communauté en général à acheter dans ce lieu des hamacs de différents tissus, couleurs et nombre de tours qui ont été fabriqués manuellement par des personnes privées de liberté dans cette prison.
L’activité est soutenue par le gouvernement de Casanare, afin de rendre plus visibles les produits que les détenus fabriquent ou apprennent à fabriquer et d’augmenter leur commercialisation, contribuant ainsi à ce que les détenus aient un revenu économique qui se traduit par de meilleures conditions de vie.

La surpopulation n’est que l’un des graves problèmes rencontrés dans les prisons colombiennes
Au Venezuela et en Équateur
Les hamacs sont couramment utilisés pour économiser de l’espace et de l’argent, mais ont suscité des inquiétudes quant aux conditions de détention inhumaines.
Au Honduras
A Tegucigalpa, la répression de la criminalité et la lutte contre les gangs ont rempli les prisons d’Amérique centrale, marquant un scénario dangereux de surpopulation qui empêche la réhabilitation et alimente l’école du crime, selon les spécialistes.

Le Honduras, dans ses 25 prisons pour 8 120 personnes, compte 17 017 détenus (surpopulation de 109,5 %) et le Costa Rica, dans 13 prisons d’une capacité de 9 000 personnes, compte 14 000 détenus (55,5 %).
Au Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Costa Rica et le Panama
Ces pays à eux seuls comptent 103 994 détenus dans une centaine de prisons d’une capacité de 48 218, ce qui génère un taux de surpopulation qui oscille entre 22% et 245%.
L’une des prison les plus infame de toute l’histoire du Panama était la Prison de Modelo, détruite en 1996. On l’appelait ” l’université du crime” puisque on disait que tous les prisonniers libérés ressortaient pire que quand ils y étaient rentrés.
Le Salvador, l’enfer des prisons

Des membres emprisonnés du gang MS-13 s’entassent dans une cellule exiguë du nord du Salvador. Les autorités hébergent des gangs rivaux dans des prisons séparées pour éviter des émeutes meurtrières, mais la surpopulation extrême a poussé le système carcéral au-delà de ses limites

Cellule 1 du secteur 2 de la prison de Cojutepeque. 180 personnes passent les 12 heures de confinement dans cette galerie. Les cellules n’ont pas de lumière électrique et certaines n’ont même pas de fenêtres, donc même à midi il fait complètement noir.
En Guyane
Voici une photo de la cellule de la prison de Rémire, on peut y voir des hamacs de fortune fabriqués avec des draps.
Aux États-Unis, les hamacs sont moins utilisés que dans certains pays d’Amérique latine, mais sont considérés comme un moyen peu coûteux de fournir un espace de couchage aux détenus dans certains États tels que la Louisiane.
Aux Philippines et en Indonésie
Les hamacs sont utilisés pour loger un plus grand nombre de détenus dans des espaces de vie limités, mais les conditions de détention ont été critiquées par des organisations de défense des droits de l’homme.

Les prisonniers s’accumulent dans la prison de Quezon City, au nord de Manille ; un lieu d’une capacité de 800 places et dans lequel vivent 3 800 personnes.

Les détenus des prisons philippines utilisent parfois des hamacs de fortune pour dormir.
Dans certains pays d’Asie du Sud-Est, tels que le Cambodge et le Laos, les informations sur l’utilisation des hamacs dans les prisons sont limitées.
Nous finissons cet article sur une prison Australienne :

Dortoir de bagnards dans l’ancienne prison australienne Hyde Park Barracks, transformé aujourd’hui en musée
Bien que l’utilisation de hamacs dans les prisons puisse offrir des avantages pratiques, elle soulève également des questions sur les conditions de détention inhumaines dans certaines prisons. La surpopulation carcérale est le principal problème qui pousse les autorités pénitentiaires à utiliser cette solution peu conventionnelle, mais elle ne devrait pas être considérée comme une solution à long terme pour résoudre les problèmes de surpopulation carcérale. Les gouvernements devraient plutôt chercher des solutions à long terme pour réduire cette surpopulation, notamment en investissant dans des programmes de prévention de la criminalité, en réformant le système judiciaire et en améliorant les conditions de détention dans les prisons existantes.
Pour en savoir plus, voici un reportage filmé dans une prison au Salvador en 2020 : Voir le reportage